Les véritables pièges de l’achat d’un fourgon aménagé d’occasion

Le risque mécanique : la face cachée du fourgon

Un fourgon aménagé, c’est un véhicule utilitaire reconditionné pour vivre et rouler. Or, même le plus joli des aménagements ne compensera jamais une base mécanique fragile.

• Kilométrage élevé : Les fourgons ont souvent connu leur première vie en utilitaire de chantier ou de livraison. Un fourgon d’occasion à plus de 150 000 km n’a rien d’exceptionnel (source : BFM Auto). Souvent, on trouve des annonces autour de 200 000 km pour des modèles de 10-15 ans.
• Entretiens reportés : Un historique d’entretien flou ou incomplet ? Fuite d’huile, courroie jamais changée, voyants négligés… Cela peut coûter très cher dès les premiers mois (et gâcher tout projet de départ).
• Corrosion et accidents passés : Les passages de roue, le châssis ou le dessous du plancher sont des nids à rouille, surtout sur les véhicules exposés au sel ou mal entretenus après des travaux extérieurs. Une réparation bricolée suite à un accident peut aussi masquer des faiblesses structurelles.
• Soupçons de compteur trafiqué : Un utilitaire peut avoir vu son compteur "retouché" pour la vente. Selon l’UFC-Que Choisir, la fraude au kilométrage toucherait 10% des ventes d’occasions en France.

Un contrôle technique "vierge" ne veut pas toujours dire que tout roule. Amène, si possible, le fourgon chez un garagiste indépendant ou demande un rapport d’expert avant de signer.

Aménagements : du sur-mesure… pas toujours aux normes

C’est l’autre grande zone de risque à l’achat d’un fourgon aménagé d’occasion : l’habitat sur roues recèle de surprises… parfois non conformes, voire dangereuses.

• Installations électriques bancales : Branchement à l’arrache, fils dénudés, batteries posées sans ventilation ou schémas non respectés. Le risque ? Court-circuit, incendie, ou batterie qui te lâche au fin fond de l’Espagne. L’ADEME estime que près de 30 % des incendies d’origine camping-car sont dus à des défauts électriques.
• Gaz à vérifier impérativement : Une installation gaz faite maison sans soupape de sécurité ou sans détendeur adapté, c’est dangereux. Depuis 2022, le contrôle technique s’est renforcé sur ce point (source : Dekra Norisko).
• Isolation et ventilation bâclées : Un fourgon "isolé" uniquement avec du polystyrène ou sans pare-vapeur ? Gare à la condensation, aux moisissures et à la corrosion intérieure. Et côté ventilation, une absence d’ouvertures adaptées met la santé (et la sécurité) en jeu.
• Mobiliers mal fixés : Des meubles vissés directement dans la tôle sans renfort, ou un lit sur palettes, c’est joli pour la photo mais très dangereux en cas d’accident.

Un aménagement maison peut être génial… à condition que le vendeur ait documenté chaque étape, et qu’il accepte de détailler ses choix techniques. N’hésite pas à demander des plans, des factures et des photos de la construction.

Pièges administratifs et juridiques : attention à la carte grise et à l’homologation

Au-delà de l’état du fourgon, c’est parfois la paperasse qui ruine tout. Un véhicule mal régularisé peut te coûter ton projet… ou te mettre hors la loi.

• Carte grise “CTTE” versus “VASP” : Beaucoup de fourgons aménagés d’occasion roulent encore en catégorie “CTTE” (camionnette), alors que la règlementation impose le passage en “VASP Caravane” pour tout aménagement fixe (source : Service Public). Un fourgon aménagé non homologué VASP est, dans les faits, illégal sur la route… et difficile, voire impossible, à assurer.
• Non-conformité à la RTI : Passer une "Réception à Titre Isolé" (RTI) à la DREAL après un achat non homologué peut coûter cher et demander de lourdes modifications : installation de lanterneaux, points d’ancrage, démontage de mobilier… Le taux de refus en première présentation dépasserait 40% sur certains types de véhicules (source : Forum “Forum Camping-car”).
• Assurances récalcitrantes : Certaines compagnies refusent d’assurer (ou limitent fortement la prise en charge) si le fourgon n’est pas homologué ou si l’aménagement n’a pas été validé par un professionnel. Risque : tu roules, mais personne n’indemnisera ton véhicule si tu as un accident ou un sinistre (incendie, vol, etc.).

Un seul conseil : ne lâche rien sur ce point. Même si tu as trouvé le van de tes rêves, sans une carte grise en règle et une assurance béton, c’est l’aventure qui s’arrête net.

Les arnaques les plus courantes sur le marché de l'occasion

Le marché du fourgon aménagé d’occasion a explosé ces dernières années, et avec lui, le nombre d’arnaques. Quelques signaux à repérer avant de t’engager :

• Prix trop attractif : Un master aménagé à 8 000 € « tout équipé » quand la cote de l’Argus en propose rarement à moins de 14 000 €. Méfiance : véhicules volés, trafiqués ou avec défauts majeurs cachés.
• Annonces avec photos floues ou répétées : Les faussaires piochent sur internet des images de vans "rêvés" mais jamais montrés en détail. Si le vendeur ne peut pas te proposer de visite, ni d’envoi de photos personnalisées, passe ton chemin.
• Demandes de paiement « rapide », à distance ou via mandataire : Le paiement via des plateformes douteuses ou le virement à l’étranger sont des drapeaux rouges. Ce type d’arnaques est en forte hausse, selon l’association 60 Millions de Consommateurs.
• Numérotations ou papiers incohérents : Numéro VIN (châssis) illisible, carte grise d’un autre véhicule, cerfa incomplet… Tout ce qui sent le faux ou le "bidouillage" administratif doit te mettre en alerte.

Surcoût caché : réparation, remise aux normes, pièces introuvables

Ce n’est pas tout d’acheter moins cher. Ce qui plombe souvent le budget, ce sont les frais à venir, parfois inattendus ou sous-estimés.

• Remise aux normes électriques et gaz : Sur un aménagement fait maison, il n’est pas rare d’avoir à tout refaire (plus de 1 500 € chez un pro pour un passage VASP).
• Trouver les bonnes pièces moteur ou carrosserie : Les anciens modèles (avant 2005) posent souvent problème, même en Europe.
• Réparation d’une isolation ratée : Retirer des plaquages et remplacer l’isolant moisi (travail de plusieurs jours, fournitures à racheter au prix fort).
• Réfection du mobilier : Pour créer des ancrages sûrs, des fixations aux normes, etc.
• Refaire la carte grise : Changement de catégorie et démarches DREAL : entre 300 et 800 €, hors modifications techniques (source : carte-grise.org).

Méthode et bons réflexes pour éviter les mauvaises surprises

Heureusement, tout n’est pas une roulette russe sur le marché de l’occasion. Pour limiter les risques :

1. Fais-toi accompagner d’un(e) mécano ou d’un(e) pro du bâtiment pour la visite.
2. Demande tous les papiers (carte grise, contrôles techniques, attestations d’aménagement, factures d’entretien, manuel d’installation électricité/gaz si dispo, etc.).
3. Teste tout sur place : démarre le moteur à froid, teste les installations électriques, la pompe à eau, le chauffage, vérifie les ouvertures et la ventilation.
4. Passe la main si le vendeur ne répond pas clairement, refuse un contrôle mécanique, ou semble pressé.
5. Si l’aménagement est "fait maison", renseigne-toi : les installateurs professionnels réputés laissent souvent une plaque et des coordonnées – preuve de transparence.
6. Prends en compte le coût des (petits ou gros) travaux à faire, et négocie sur ce point.

Et surtout : ne te précipite pas, même si tu sens le coup de cœur. L’offre évolue sans cesse, et un choix réfléchi, c’est la base pour bien commencer la vanlife.

L’aventure vaut le détour, même si…

Le fourgon aménagé d’occasion, c’est l’option préférée des futurs nomades : 70% des vans en circulation en France aujourd’hui ont été achetés d’occasion (source : Fédération Française des Véhicules de Loisirs). Les quelques pièges à l’achat ne doivent pas te freiner, mais plutôt t’encourager à être vigilant et à t’informer avant de signer. Un véhicule propre, en règle, bien (ou facilement) réaménageable, c’est la liberté de la route… sans les galères qui viennent gâcher les premiers kilomètres. Bon repérage, et à bientôt sur les chemins !